Les septièmes Rencontres GESS (Gestion des Entreprises Sociales et Solidaires) auront comme thème
» L’ESS comme source d’inspiration : Quelles perspectives de diffusion des valeurs et des pratiques de l’ESS à l’ensemble de l’économie ? «
Organisées par le CERAG, Centre d’Études et de Recherches Appliquées à la Gestion de l’Université de Grenoble, et l’IUT de Valence, elles auront lieu à l’IUT de Valence les 12 et 13 décembre 2019
En avant première de la parution sur le site de la rencontre, l‘appel à communications
L’ESS représente aujourd’hui un poids dans l’économie non négligeable et connaît une forte dynamique, certes variable selon les statuts des organisations de ce secteur. Pour autant, on ne peut pas encore parler de « changement d’échelle » en ce qui concerne le poids des organisations rentrant dans le périmètre statutaire de l’ESS. Cet appel à communication vise à explorer, de façon critique, une autre voie, celle selon laquelle l’ESS pourrait se diffuser via l’influence exercée sur l’ensemble des acteurs, publics et privés, de l’économie « classique ». Autrement dit, il s’agit d’envisager l’ESS comme « source d’inspiration » pour faire évoluer les finalités et les modalités de fonctionnement des organisations qui ne rentrent pas dans la famille restreinte des organisations dont le statut relève de l’ESS.
Pour illustrer cette perspective, dans sa portée potentielle et ses limites, on peut se référer à l’orientation donnée par le rapport Notat-Sénard qui a précédé la loi Pacte promouvant, de façon certes modeste, le développement de la participation des salariés aux instances de direction des entreprises, ce qui caractérise la gouvernance des coopératives, celles de salariés en particulier. Cette même loi créant les entreprises dites « à mission » aborde, à travers la notion de « raison d’être », l’utilité sociale de l’entreprise, question centrale dans l’ESS. La démocratisation de la gouvernance et la prise en compte des intérêts des parties prenantes, au-delà de ceux des associés, font bien partie du socle des « valeurs » par lesquelles les organisations de l’ESS se définissent et qui déterminent leurs pratiques. Les liens avec le territoire, le management participatif, les limitations de la lucrativité, la tendance à l’égalité des rémunérations, etc. sont d’autres exemples, non exhaustifs, de caractéristiques marquantes de l’ESS pour lesquelles nous invitons à envisager le fait que des entreprises « classiques » ou des administrations publiques s’en emparent.
Cette réflexion sur l’ESS comme source d’inspiration nous semble déjà être très présente, que ce soit dans la littérature académique ou dans les doctrines managériales. On peut citer le mouvement de l’entrepreneuriat social qui interroge précisément le périmètre de l’ESS, en ouvrant les entreprises classiques à l’intégration de finalités sociétales. Le mouvement des entreprises libérées et l’exploration d’un néo-management basé sur l’empowerment des travailleurs, vont dans le même sens. L’émergence de « comités d’usagers » intervenant dans les services publics est, nous semble t-il, encore une illustration de la capacité de l’ESS à inspirer le reste de l’économie. On peut évoquer encore, à un autre niveau, la reprise par les réseaux commerciaux conventionnels du principe coopératif de la « ristourne », avec le développement des cartes de fidélité.
Beaucoup de préventions peuvent être émises sur ces dynamiques, que ce soit l’affadissement, voire la trahison, de ces pratiques reprenant des valeurs de l’ESS dont la compatibilité avec la nature capitaliste de l’entreprise n’est pas prouvée, pas plus qu’avec l’organisation bureaucratique de l’administration ou les relations commerciales conventionnelles. Les effets en retour de mise en concurrence des organisations de l’ESS et de perte de leur visibilité sont d’autres périls à prendre en compte. Néanmoins, on peut y voir aussi des perspectives de diffusion, au-delà de ses frontières, de ce que l’ESS peut avoir comme apports progressistes, sous des conditions à préciser.
Cet appel à communication vise ainsi à s’interroger sur cette perspective selon laquelle l’ESS pourrait constituer une « source d’inspiration » pour l’ensemble des acteurs de l’économie. Nous encourageons ainsi à renverser le regard habituel sur l’isomorphisme en envisageant, de façon iconoclaste, le fait que l’ESS puisse contribuer à ouvrir la « cage d’acier » du capitalisme, tout en conservant une position réflexive et critique vis-à-vis de cette voie.
Cet appel à communication est ainsi une invitation à des vues comparatistes entre les organisations de l’ESS et les autres organisations de l’économie classique, l’accent pouvant aussi être mis sur les unes ou les autres.
En ce qui concerne les thématiques à aborder dans le cadre de cette problématique, la liste ci-dessous en donne quelques exemples, sans être bien sûr exhaustive : L’intégration de « missions » à l’objet social de l’entreprise ;
Les formes de management participatif et les pratiques d’empowerment ;
La démocratisation de la gouvernance ;
L’émergence de réseaux « multi-acteurs » associant organisation de l’ESS et d’autres organisations ;
Les relations inter-entreprises sous des formes coopératives ;
La prise en compte de l’utilité sociale dans l’activité de l’entreprise ;
Le rôle des entreprises dans le développement territorial ;
Les objectifs sociaux (diversité, IAE, etc.) de la politique de GRH ;
Le périmètre de l’ESS et son extension ;
Les modes de diffusion des pratiques et valeurs de l’ESS ;
Les risques pour les organisations de l’ESS de cet « isomorphisme à rebours » ;
Les reprises par les acteurs publics des caractéristiques de l’ESS ;
La diffusion à la sphère financière et aux pratiques commerciales ; – Etc
La mise en perspective critique, pouvant aller jusqu’à la dénonciation d’une sorte d’« ESS washing », fait bien sûr partie de la problématique posée, avec l’ambition de pouvoir faire émerger les conditions de respect de l’authenticité de l’ESS lorsqu’elle inspire les acteurs économiques au-delà de son périmètre. Ce sont aussi les effets systémiques et la cohérence entre les caractéristiques de l’ESS, qui pourront ainsi être mis en exergue. La visée de cet appel à communication
reste bien cependant d’explorer les potentialités d’une imprégnation de l’ensemble de l’économie par les valeurs et les pratiques de l’ESS comme voie de réforme de l’économie capitaliste.
Les rencontres GESS sont ouvertes à tous types de contributions qu’il s’agisse de travaux théoriques, d’études de cas, de monographies, d’analyses comparatives, etc., dans une perspective qui peut aussi bien être locale que nationale ou internationale, organisationnelle, inter-organisationnelle, ou territoriale.
Elles se veulent accueillantes à des travaux de différentes disciplines.
Dates clés La date limite de réception des communication est fixée au 24 juin 2019. Elles sont à déposer sur le site SciencesConf, au format Word et en suivant le lien : https://gess2019.sciencesconf.org (∆ ! site en construction) Le comité scientifique fera parvenir sa réponse, acceptation ou refus, aux auteurs le 19 juillet. Les textes définitifs devront être envoyés au plus tard le 30 septembre. Seuls les textes complets seront examinés pour une publication éventuelle dans la RIMHE. Des textes en format plus court sont acceptés. Les inscriptions seront ouvertes à partir du 2 septembre 2019 et jusqu’au 15 novembre. |
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