Instance collective composée du conseil scientifique, des conseils scientifiques d’institut, des sections spécialisées dans chacune des disciplines et des commissions interdisciplinaires, le Comité national de la recherche scientifique (CN) joue un rôle essentiel dans la vie scientifique française
Il a conduit une démarche collective d’analyse, de réflexion et d’élaboration de propositions qui aboutit à un diagnostic dont la lecture est très instructive
Nous en extrayons quelques paragraphes
» La capacité de la recherche publique française à être présente sur l’ensemble des fronts de la connaissance ne peut reposer sur un nombre sans cesse plus faible de chercheurs. Le niveau insuffisant d’emploi et le nombre trop réduit de recrutements va à l’encontre de l’ambition de conserver à la France son rang de grand pays scientifique, alors même qu’il existe au plan national, mais aussi aux plans européen et international, un vivier nombreux de docteur.e.s de très haut niveau susceptibles de poursuivre des carrières scientifiques en France et désireux de le faire. »
» les conditions d’emploi des doctorant.e.s requièrent une attention spécifique. Les conditions de rémunération se sont améliorées avec la création du contrat doctoral, mais la proportion de doctorant.e.s non financé.e.s reste élevée. Les dispositions réglementaires récentes instaurant des modalités de suivi externe (indépendant de la direction de thèse) de l’avancement des thèses constituent également une protection pour les doctorant.e.s. Mais les exigences toujours plus fortes en termes d’activités pendant la thèse (mener sa recherche doctorale, suivre des cours et activités de formation, enseigner, publier, contribuer à l’animation de la recherche, s’inscrire dans des réseaux internationaux…) sont de moins en moins compatibles avec la préparation d’une thèse en trois ans, qui est la durée standard des contrats doctoraux. Les cas, nombreux, de thèses achevées avec un statut de demandeur d’emploi font souvent l’objet d’une tolérance de la part des agents des services compétents, mais soumettent de ce fait les doctorant.e.s concerné.e.s à l’arbitraire,ne sont pas acceptables sur le fond et placent parfois les intéressé.e.s dans l’impossibilité de poursuivre leur recherche (cas des zones à régime restrictif par exemple) «
» Le temps collectif consacré à l’allocation de crédits par appels à projets compétitifs (conception des appels à projets, rédaction des projets,processus d’évaluation, contrôle projet par projet) est disproportionné, sans parler du coût économique correspondant, estimé dans certaines études comme supérieur aux montants distribués (notamment par l’ANR) «
» La généralisation des financements par appels à projet semble favoriser le développement de «trappes à pauvreté» en matière de financement des activités de recherche. L’obtention de financements nouveaux est en effet souvent corrélée positivement aux financements déjà obtenus (et les mêmes projets obtiennent parfois plusieurs financements cumulatifs), de surcroît dans un contexte général de pénurie de crédits dont attestent les taux très faibles de succès aux AAP de l’ANR. «
» Le crédit impôt recherche (CIR) est un dispositif insatisfaisant de financement de la recherche, sans retombées positives en tout cas pour la recherche publique «
» Les témoignages recueillis attestent tous d’une dégradation rapide et importante des conditions de travail et de conduite des activités de recherche, dans de multiples dimensions. Il en résulte des situations, trop nombreuses, dans lesquelles les établissements employeurs des personnels scientifiques ne leur donnent pas les moyens de faire leur travail. «
» Le temps disponible pour la recherche s’est réduit au cours des dernières années dans des proportions considérables, du fait du temps consacré à déposer des projets pour obtenir des financements, à évaluer les projets déposés par les collègues, à effectuer un ensemble de tâches d’accompagnement voire d’appui à la recherche partagées entre des personnels moins nombreux (notamment personnels IT) et à répondre aux demandes d’une administration toujours plus exigeante combinant contrôle a priori, contrôle a posteriori et exigences de reporting fréquent. «
» Les partenariats avec les acteurs publics ou associatifs ne font pas l’objet de politiques incitatives aussi systématiques que les partenariats avec les acteurs économiques (industrie, services), alors même que les bénéfices collectifs potentiels sont considérables. «
La vraie question est de savoir si les décideurs ignorent ce qui est écrit dans ce pertinent rapport ou si cela leur convient finalement assez bien.