Appel à contributions pour un numéro thématique des CAHIERS D’ÉCONOMIE POLITIQUE « Economie et environnement depuis les années 1950 : Histoire, méthodologie, philosophie » pour le 1 er novembre 2019

Les problématiques environnementales émergent en économie dans les
années 1950. Non pas qu’elles n’aient jamais suscité d’intérêt
particulier chez certains économistes auparavant, mais c’est à partir de
cette période qu’elles se constituent comme un objet ou un champ
d’analyse autonome. Dans un contexte de forte croissance économique et
démographique, ainsi que de transformation de l’appareil productif dans
les pays industrialisés, cette reconnaissance progressive est portée par
la dégradation des écosystèmes, l’épuisement des ressources naturelles
ou encore la montée des nuisances et des pollutions, comme les premiers
jours de smog à Londres ou Los Angeles ou la contamination chimique de
Minamata.
Ce numéro spécial est consacré à l’histoire contemporaine de la pensée
économique environnementale, et donc à ce passage d’une spécialisation
marginale portée par quelques pionniers à un champ académique reconnu,
mais éclaté entre différentes perspectives théoriques : d’une part,
l’essor de l’économie de l’environnement comme discipline distincte de
l’économie des ressources naturelles,  et issue notamment de la nouvelle
économie du bien-être ; d’autre part, le développement de l’économie
écologique qui s’efforce d’ouvrir de nouvelles perspectives analytiques
inspirées de la science écologique. Cette histoire soulève des enjeux à
la fois méthodologiques (quels concepts et cadres analytiques
mobilisés), philosophiques (quel statut donné à la nature, quel poids
donné aux générations futures) et politiques (histoire des rapports de
force et des institutions en charge de l’expertise environnementale qui
ont alors porté telle ou telle théorie).

Les éventuelles contributions peuvent, à titre d’exemple, s’intéresser
aux questions suivantes :
– Comment émerge l’économie de l’environnement comme discipline séparée
de l’économie des ressources naturelles, à partir des années 1950 ? Quel
est le rôle joué par les économistes américains, qu’ils se spécialisent
dans ce champ (Ayres, Kneese, D’Arge) ou non (Galbraith) ? Comment
émerge l’économie écologique,  sous l’impulsion à la fois d’écologues
(Commoner, Odum) et d’économistes (Dasgupta, Mäler, Boulding,
Georgescu-Roegen, Daly) ? Comment les courants de pensée marxiste,
post-keynésien et institutionnaliste s’emparent-ils de ces nouveaux
enjeux ?
– D’un point de vue méthodologique, comment s’opère la mise en économie
de l’environnement ? On sait que l’économie de l’environnement procède à
une adaptation du cadre analytique néoclassique, notamment celui de la
nouvelle économie du bien-être (défaillance de marché, externalité, bien
collectif, analyse coût-avantage, capital naturel) aux nouveaux enjeux
environnementaux, tandis que l’économie écologique, elle, tente d’ouvrir
de nouvelles perspectives analytiques, tout en étant traversée par les
mêmes controverses épistémologiques que celles que l’on peut observer à
l’extérieur de ce champ.
– D’un point de vue plus politique, comment se sont institutionnalisées
les diverses propositions méthodologiques et les recommandations
politiques qui en découlent ? A partir du moment où il est décidé de
mettre en œuvre des politiques d’environnement, quelle a été la demande
politique adressée aux économistes ? Et, inversement, par quels canaux
politiques les recommandations des économistes sont-elles adressées aux
responsables politiques ? Quelle est, par exemple, l’influence
d’institutions comme l’OCDE, Resources for the Future aux Etats-Unis, ou
les différentes agences en charge, au niveau national, des questions
d’environnement ?
– Quels sont les enjeux philosophiques soulevés par ces problématiques
environnementales, notamment en termes de justice intra et
intergénérationnelle (autour du taux d’actualisation par exemple) ou en
termes de marchandisation et plus largement de valorisation monétaire de
la nature (services écosystémiques, évaluation des dommages, marchés de
permis, etc.) ?

Toutes les propositions, en français ou en anglais, traitant de ces
enjeux depuis les années 1950 sont les bienvenues. Les articles
(anonymes et de moins de 10 000 mots) doivent être envoyés (avec, en
pièce jointe séparée, nom, institution, mots clés, et résumé de moins de
700 mots) à l’adresse suivante : wscep2019@gmail.com.

Envoi des contributions avant le 1 novembre 2019.
Réponse du comité scientifique début février 2020.
Publication du numéro fin 2020 (éditions Hermann).