Appel à communications pour le 15 mars 2020  » La recherche en économie à l’épreuve des sciences sociales : contributions et résonances de l’œuvre scientifique de Jean-Michel Servet »

Pour le colloque « La recherche en économie à l’épreuve des sciences sociales : contributions et résonances de l’œuvre scientifique de Jean-Michel Servet » qui se tiendra du 20 au 23 mai 2020 à Dakar et Ziguinchor, le LAREM , LABORATOIRE DE RECHERCHES ECONOMIQUES ET MONETAIRES, de l’UCAD,  Université Cheikh Anta Diop de Dakar lance un appel à communications sur le thème La recherche en économie à l’épreuve des sciences sociales : contributions et résonances de l’œuvre scientifique de Jean-Michel Servet

Contexte et justification

Avec une population estimée à 1,3 milliards en 2019, l’Afrique devrait abriter en 2050 une concentration démographique équivalente au quart de la population mondiale, soit près de 2,4 milliards de personnes. Certes, cette force démographique constitue un terreau d’innovations, mais elle peut tout aussi se transformer en une bombe démographique si les politiques pertinentes, efficaces et durables ne sont pas suffisamment mises en œuvre de sorte à créer des emplois décents et à répondre aux attentes économiques du plus grand nombre.
Face à ce défi, des questions majeures se posent sur les évolutions en cours dans les sociétés africaines, l’efficacité des politiques économiques actuelles et la pertinence de celles à venir, ainsi que les problématiques identitaires collectifs et individuels. Comment garantir la pérennité des pratiques endogènes lorsque les dysfonctionnements des systèmes collectifs de gestion et d’administration ne répondent pas aux exigences de solidarité ? Comment permettre une coopération renforcée lorsque les logiques de compétition se mesurent également par une exclusion des couches importantes de la société ?

Ces questions posent de manière urgente non seulement la nécessité d’une compréhension renouvelée des missions des institutions publiques, du rôle des opérateurs privés et du lien qui les associe, mais également les enjeux paradigmatiques de la science économique moderne.
En Afrique de l’ouest par exemple, les questions portent sur le système monétaire, les formes d’exclusion et d’inclusion liées au processus de monétarisation et de financiarisation généralisées, les mécanismes de financement de l’économie, les dispositifs de solidarité, la place de l’informalité, la problématique des conflits et des relations de confiance etc.
En réalité, si le débat sur les questions monétaires, économiques et financières, emprunte aujourd’hui un accent particulier en Afrique et dans le monde, c’est parce que très souvent ceux qui raisonnent sur l’économie ont du mal à entendre ce qui résonne dans la société.
C’est précisément à ce défi de conversation entre l’économie et la société que le présent colloque s’adresse. Il s’inscrit dans une série de colloques en Afrique, Amérique et Europe, et dont l’objectif est de cerner l’ampleur des tensions que génère le paradigme économique dans les imaginaires collectifs.
En plaçant, au Sénégal, cette série de rencontres autour du thème « la recherche en science économique à l’épreuve des sciences sociales : contributions et résonances de l’œuvre scientifique de Jean-Michel Servet », le LAREM voudrait souligner l’importance d’une analyse transversale dans la compréhension des faits économiques et sociaux. C’est également l’occasion de célébrer le 50ème anniversaire du premier voyage de JMS en Afrique, au Sénégal dans une démarche ethnographique appliquée à la science économique. Mais, pourquoi organiser un colloque autour de la pensée et de l’œuvre de JMS ? En quoi ses méthodes diffèrent elles des autres ? Quels sont ses apports ?

Petite biographie de Jean Michel Servet

Jean-Michel Servet est professeur honoraire en études du développement de l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève (The Graduate Institute). Il est chercheur associé à TRIANGLE (CNRS, ENS de Lyon, Université Lyon 2, Sciences Po Lyon, Université Jean Monnet Saint-Etienne) et au CERMI (Centre Européen de Recherche en Microfinance) de l’Université Libre de Bruxelles. Il a été chercheur associé au CESSMA (Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques) de l’Université Paris Diderot et de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Il a été aussi professeur de sciences économiques à l’Université Lumière Lyon 2 et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique

(CNRS/France) et à l’Institut de recherche pour le développement (IRD/France) en affectation à l’Institut français de Pondichéry (Inde).
De sa riche production scientifique, on peut citer : L’Économie comportementale en question (2018), La Vraie Révolution du microcrédit (2015), Le Grand Renversement (2010), Banquiers aux pieds nus (2006), Une économie sans argent (1999), L’euro au quotidien (1998), Nomismata. État et origines de la monnaie (1984). Il a dirigé les rapports Exclusion et liens financiers du Centre Walras. Spécialiste de l’histoire de la pensée économique, il a notamment participé à l’édition des œuvres complètes de Walras et de Jean-Baptiste Say et il a dirigé une nouvelle traduction de la Richesse des nations d’Adam Smith ainsi que la Modernité de Karl Polanyi, etc. Il a également été expert de la Commission européenne et du ministère français de l’Économie pour la préparation du passage à l’euro.
Il a mené des travaux de terrain en Afrique de l’Ouest, au Maroc, en Amérique latine et en Inde ainsi qu’en Europe.
La trajectoire intellectuelle de JMS dévoile ainsi des expériences analytiques, de composition et de recomposition de la théorie économique. Sa démarche ethnographique appliquée à l’économie regorge un potentiel encore sous exploité. Il invite par ses écrits et sa démarche critique à se défaire du relativisme extrême et du repli dogmatique, afin d’apporter à partir d’autres lieux et d’autres pensées une pièce à l’édifice de la connaissance. Sa pensée est aussi celle d’une philosophie morale «totalement humaniste ».

Thématiques de recherche

Le présent colloque proposera, à la fois, un hommage et une discussion sans complaisance. Les intervenants se confronteront à la pensée de Jean Michel Servet en engageant une discussion avec elle. Travailleurs sociaux, experts et chercheurs de la politique ou de l’économie, de la sociologie, ou de la psychosociologie, de la psychanalyse ou de la philosophie, sont encouragés à effectuer autant une évaluation critique de l’œuvre de JMS qu’un examen de certaines de ses analyses en fonction de leurs propres thèmes de recherche et de leurs préoccupations personnelles. Il s’agit de mettre l’œuvre de JMS à l’épreuve et, discuter des voies esquissées par cette pensée qui pourraient être reprises et prolongées.
En résumé, les contributeurs sont invités à proposer des communications en lien avec les thématiques ou domaines suivants :

  • Épistémologie et recherche en sciences économiques : la pensée économique d’Adam Smith à aujourd’hui, la pensée de Karl Polanyi, Interdisciplinarité, peut-on penser autrement l’économie ?
  • Économie et Sciences sociales : la socio-économie, l’économie du partage, l’économie des communs, l’économie solidaire, l’économie comportementale, logiques symboliques et logiques économiques.
  • Théories et pratiques monétaires : monnaies complémentaires alternatives, la microfinance et l’inclusion financière, financiarisation et monétarisation des échanges, confiance, monnaie et société, exclusion et liens financiers

Les intentions de communications seront réceptionnées par courriel , au plus tard le 15 mars 2020. ddia@bceao.int

Les décisions d’acceptation ou de refus seront notifiées aux auteurs au plus tard le 25 mars 2020.

Les versions complètes des communications rédigées en français ou en anglais seront réceptionnées en version PDF ou Word aux adresses ci-dessous, au plus tard le 30 avril 2020.

Les auteurs désirant contribuer aux travaux mais qui pourraient ne pas être disponibles pourront intervenir par skype ou par visioconférence.