Le dossier ^pour le numéro 2 de 2020 de la revue Études sociales consacré à Populariser l’enseignement du droit, de l’économie politique et de l’économie sociale au XIXe siècle (1814-1914) se situe à la croisée de deux champs de recherches en pleine expansion : l’histoire de l’enseignement du droit et de l’économie politique et/ou sociale d’une part, et celui de l’histoire de l’éducation populaire de l’autre.
Dans l’appel à articles consultable ici
« Les lieux et les acteurs de la transmission des savoirs juridiques et économiques au XIXe siècle.
Où enseigne-t-on le droit et l’économie politique et/ou sociale hors des cadres scolaires au XIXe siècle ? Il s’agit d’entamer une cartographie de ces enseignements à destination des profanes. Quelle est la place du droit et de l’économie politique et/ou sociale au Collège de France, au CNAM, dans les coopératives, dans les syndicats et bourses du travail, dans les conférences organisées par les Chambres de commerce, dans les cours du soir pour ouvriers adultes, dans les conférences et universités populaires, dans les causeries anarchistes, chez les saint-simoniens, dans les phalanstères et les familistères, au sein des municipalités socialistes (pour contrecarrer les cours dispensés dans le cadre du paternalisme patronal), au sein d’associations dédiées à l’éducation populaire (Association polytechnique, Société pour l’instruction élémentaire, Ligue de l’enseignement, etc.) ou encore au sein d’œuvres confessionnelles ou réformatrices (patronages de jeunes adultes, Société des conférences de Saint-Vincent-de-Paul, Cercles catholiques d’ouvriers, Semaines sociales, Unions chrétiennes de jeunes gens, mouvement leplaysien, Sillon de Marc Sangnier, Association catholique de la jeunesse française, etc.) ?
- Du côté du droit, on sait, par exemple, que des cours populaires étaient dispensés aux ouvriers pendant la Commune, ou encore qu’un petit nombre de juristes, avocats ou professeurs de droit, s’est engagé dans le mouvement des universités populaires (Audrenet Halpérin, 2013). Les membres du mouvement leplaysien ou des Semaines sociales donnaient également fréquemment des conférences de droit et d’économie politique et sociale, tandis que le « droit usuel » était enseigné dans quantité d’associations dédiées à l’éducation populaire.
- Du côté de l’économie, on connaît les entreprises des économistes libéraux destinées à promouvoir le libre-échangisme, comme les conférences de Jean-Baptiste Say à l’Athénée, à destination toutefois d’un public issu de la bourgeoisie libérale et cultivée ou encore la tournée de conférences de Frédéric Passy, dans les années 1860, devant un public mi-bourgeois, mi-populaire (Le Van-Lemesle, 2004). Des conférences d’économie politique étaient également organisées dans le cadre des Chambres de commerce, de l’Association polytechnique, de l’Association philotechnique, etc. (Le Van-Lemesle, 1980). Quant à l’économie sociale, sa rivalité avec l’économie politique se joue précisément dans ces cours extra-universitaires : on connaît ainsi les tentatives de certains personnages pour promouvoir un enseignement populaire d’économie politique et sociale, comme par exemple celle de l’ingénieur leplaysien Jules Michel à Lyon, qui enseigne aux ateliers Gillet pendant 25 ans.
De manière plus générale cependant, ces multiples entreprises de diffusion des savoirs juridiques et économiques restent à compléter et préciser. C’est dire qu’on s’interrogera également sur les acteurs de la diffusion de ces savoirs, grands noms ou foule des inconnus (professeurs de droit et d’économie politique, praticiens du droit, syndicalistes, instituteurs, etc.). Qui sont ces enseignants de l’ombre qui dispensent un savoir juridico-économique à des profanes, ni étudiants en droit ou en économie, ni juristes ou économistes de profession ? D’une discipline à l’autre, le profil socio-économique du public qui assiste à ces enseignements évolue-t-il ? Comment se marque la présence des femmes ? «
Les propositions d’articles sont à envoyer, accompagnées d’un bref CV, aux trois coordinateurs du dossier
- Anne-Sophie Chambost : anne.sophie.chambost@univ-st-etienne.fr
- Laetitia Guerlain : laetitia.guerlain@u-bordeaux.fr
- Farid Lekéal : farid.lekeal@univ-lille.fr
avant le 15 octobre 2019.
Les articles retenus seront présentés lors d’une journée d’étude organisée l’Université de Lille 2 en avril 2020. Ils seront ensuite présentés pour évaluation à la revue le 15 mai 2020. Ils feront alors l’objet d’une double évaluation à l’aveugle par le comité de rédaction des Études sociales, comme l’exigent les règles de la revue. Ils peuvent alors être acceptés sans modification, acceptés sous réserve de modifications ou refusés.